Ce texte fait partie de Élections québécoises 2022 et précédentes : S’indigner et remplacer le système électoral, une recherche de Mercédez Roberge, mise en ligne en octobre 2024. Téléchargez le document complet pour accéder plus facilement aux données des figures et des tableaux et consultez la table des matières. |
À l’automne 2024, le gouvernement de François Legault entamera la 2e moitié de son mandat. L’approche des élections de 2026 teintera de plus en plus les décisions de tous les partis et les sondages nous prédiront la couleur du prochain gouvernement avec toujours davantage d’assurance. Or, la prédiction la plus facile à faire n’est pas soulignée par les sondages : le prochain gouvernement sera formé, comme d’habitude, sans que tous les votes et sans que toutes les personnes comptent vraiment.
Mettre en valeur les énormités découlant des élections de 2022 ne peut se faire qu’en les mettant en perspective face à l’histoire. Découvrir qu’un problème qu’on croyait exceptionnel et conjoncturel s’est déjà produit, et même en pire, devrait sonner l’alarme quant à l’assurance qu’il se reproduira. L’analyse des 43 élections depuis 1867[1] empêche de qualifier une seule d’entre elles comme étant la pire de l’histoire, tellement elles sont nombreuses à souffrir des mêmes terribles maux.
La patience des militantes et militants de longue date est mise à rude épreuve lorsque des décisions politiques coupent la route, surtout lorsqu’elles ont requis d’intenses périodes de mobilisation. En plus des déceptions[2] vécues après 1984 et 2008, celle de 2021 a durement sapé le moral des troupes. Il faut dire que l’instauration d’un système proportionnel mixte compensatoire a semblé être à portée de main durant la consultation parlementaire sur le projet de loi 39 Loi établissant un nouveau mode de scrutin. Son abandon, combiné aux résultats de 2022, a suscité une indignation nouvelle et été le moteur d’une mobilisation spectaculaire, facilitée par les médias sociaux, dont la formation d’une communauté virtuelle atteignant plus de 3 500 personnes en quelques jours, prenant progressivement le nom de Mobilisation Citoyenne pour une Réforme du Scrutin.
L’intérêt médiatique et l’arrivée de cette nouvelle cohorte apportent à la lutte pour la réforme du système électoral québécois une énergie nouvelle. Le nombre de personnes et d’organisations, communautaires et syndicales, réclamant un nouveau système électoral ne diminuera pas de sitôt. Pour dépasser la réaction impulsive et la faire durer, l’accent doit être mis sur l’éducation en fournissant des informations et des analyses permettant d’appuyer une argumentation solide en allant plus loin que l’habituel examen du pourcentage de votes recueilli par un parti versus le nombre de sièges qu’il obtient.
Voilà l’objectif du présent texte : faire découvrir aux novices l’ampleur des problèmes démocratiques et mettre à jour celles et ceux dont la flamme a besoin d’être alimentée.
Se concentrer sur les résultats des élections de 2022 nécessite de faire des choix. Ainsi, ce texte n’abordera pas toutes les raisons justifiant le rejet du système électoral actuel ni toutes les alternatives qui s’offrent à nous. Ces éléments se retrouvent traités en détail dans différentes publications disponibles sur le site web de l’autrice et dans son livre Des élections à réinventer, un pouvoir à partager, paru en 2019.
Les données compilées par ce document demeurent très abondantes, en textes, tableaux et figures. Cet étalage de différents volets est nécessaire pour donner une vision globale des déficiences démocratiques découlant du SMU1T. L’abondance d’angles d’analyses permettra à chaque personne de sélectionner les démonstrations qui la touchent particulièrement, celles qui deviendront ses meilleures cartes pour expliquer et convaincre.
Les résultats nationaux des élections de 2022, soit la répartition complète des votes parmi 4,1 millions de bulletins enregistrés et même parmi les 6,3 millions d’électrices et d’électeurs que compte la liste électorale, seront utilisés dans le présent texte, mais aussi la répartition des votes et des sièges pour chacune des régions administratives.
De plus, les élections de 2022 y seront comparées aux 43 élections générales tenues au Québec depuis 1867[3]. Les conséquences de ces résultats sur la représentation régionale obtenue seront, quant à elles, comparées aux 6 élections tenues depuis 2007. Le tout permettra de constater que les déficiences démocratiques du SMU1T ne dépendent pas des conjonctures politiques ni du type de gouvernement qui en ressort, mais surtout, qu’elles étaient monnaie courante avant les élections de 2022 et qu’elles le resteront tant que ce système électoral sera utilisé.
[1] Des adaptations seraient nécessaires pour inclure la période à compter de 1791, mais rien n’indique que les conclusions seraient différentes.
[2] Un historique est disponible sur le site de l’autrice https ://www.mercedezroberge.ca/mode-de-scrutin-historique-detaille/
[3] Des élections ont eu lieu au Québec à compter de 1791, mais elles ne peuvent se comparer à celles tenues à partir de 1867.
Compléments
14.1 Informations de base sur le fonctionnement du système majoritaire uninominal à 1 tour
14.2 Portraits des élections de 2022 pour chacune des régions
14.3 Mises en contexte historiques des résultats régionaux et nationaux des élections de 2022 selon les indicateurs de représentation
14.4 Analyse du projet de loi 499, déposé en octobre 2023, par Québec solidaire, en collaboration avec le Parti québécois
Liste des tableaux
Liste des figures
Lexique
Bibliographie