12.4 La représentation des Autochtones : une analyse spécifique

Ce texte fait partie de Élections québécoises 2022 et précédentes : S’indigner et remplacer le système électoral, une recherche de Mercédez Roberge, mise en ligne en octobre 2024. Téléchargez le document complet pour accéder plus facilement aux données des figures et des tableaux et consultez la table des matières.

La question de la représentation à l’Assemblée nationale des personnes autochtones ne peut être discutée sans préalablement reconnaître leur statut particulier, comme premières occupantes du territoire, ni sans entendre leurs demandes à cet égard. En plus d’établir une relation de nation à nations, situer celle-ci dans un contexte de représentation signifie tenir compte qu’il y a plusieurs nations autochtones et que les personnes y appartenant peuvent se retrouver autant dans les centres urbains que dans des territoires spécifiques. Cela signifie donc que l’on doit se questionner sur la forme de représentation à viser de même sur le lieu où elle peut se réaliser, sans se limiter à l’Assemblée nationale dans sa forme actuelle.

Actuellement, ces considérations empêchent autant d’évaluer la représentation des personnes autochtones à la suite des élections de 2022 que d’intégrer des pistes de solutions à l’intérieur d’une réforme du système électoral.

Soulignons que le Québec est lié par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui depuis 2007, mentionne qu’elles ont non seulement le droit de participer aux prises de décision, mais aussi d’avoir leurs propres institutions.

Si certains pays utilisent les données démographiques autant pour analyser la représentation des personnes autochtones que celle des femmes et des personnes racisées ou nées à l’étranger, cela serait inapproprié, autant pour l’Assemblée nationale que pour le Parlement fédéral. En effet, la part démographique actuelle des personnes autochtones étant le résultat d’un long historique de colonisation et même de génocide[1], il serait odieux d’utiliser un tel pourcentage comme objectif de représentation et constituerait un nivellement par le bas.

Dans l’intervalle, on ne peut aller plus loin que de souligner qu’une première femme autochtone a été élue en 2022, Kateri Champagne-Jourdain, de la nation innue. Celle-ci n’a été précédée que par Alexis Wawanoloath, de la nation des Abénakis, élu en 2007, ainsi que par Ludger Bastien, de la nation Huronne-Wendat, qui siégea de 1924 à 1927 suite à une élection partielle, mais en ayant dû renoncer à son statut pour ce faire, puisque les Premières Nations n’ont obtenu le droit de vote aux élections québécoises qu’en 1969.

La question de la représentation des personnes autochtones doit être abordée sous le leadership de ces dernières. En attendant qu’elles élaborent des revendications, il ne reste qu’à se rendre disponible pour le moment et le contexte qu’elles choisiront et c’est à cela que je m’engage personnellement.


[11] Le terme génocide a notamment été utilisé dans l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, publiée le 3 juin 2019 https ://www.mmiwg-ffada.ca/fr


Compléments

14.1  Informations de base sur le fonctionnement du système majoritaire uninominal à 1 tour
14.2  Portraits des élections de 2022 pour chacune des régions
14.3  Mises en contexte historiques des résultats régionaux et nationaux des élections de 2022 selon les indicateurs de représentation
14.4  Analyse du projet de loi 499, déposé en octobre 2023, par Québec solidaire, en collaboration avec le Parti québécois

Liste des tableaux
Liste des figures
Lexique
Bibliographie