3.2 Les indices régionaux de distorsion encore plus hauts que le taux national

Ce texte fait partie de Élections québécoises 2022 et précédentes : S’indigner et remplacer le système électoral, une recherche de Mercédez Roberge, mise en ligne en octobre 2024. Téléchargez le document complet pour accéder plus facilement aux données des figures et des tableaux et consultez la table des matières.

L’indice de distorsion mesure non seulement les distorsions nationales entre plusieurs élections, mais il permet aussi de comparer la représentation obtenue dans chacune des régions québécoises.

La mauvaise représentation régionale obtenue en 2022 est évidente en voyant, par la figure 5, les indices régionaux de distorsions atteindre de 19 à 51, 14 régions dépassant la moyenne nationale, déjà très haute, de 25,8. De tels indices créeraient une commotion dans les pays utilisant un système électoral de la famille proportionnelle.

La mise en parallèle de l’indice de distorsion de 2022 avec d’autres indicateurs permet de prendre la mesure de sa signification. Ainsi, les 13 régions ayant les plus hauts indices de distorsion sont également celles où le pouvoir a été monopolisé ou presque par un seul parti, tel qu’exposé au tableau 4. De manière plus détaillée, l’indice de distorsion moyen des 9 régions représentées par un seul parti est de 41, et de 32 dans les 4 régions représentés par 2 partis.

Parmi ces 13 régions, on retrouve même les 2 régions ayant subi un renversement de volonté populaire, soit la Capitale-Nationale et la Montérégie, puisque les partis arrivés 2e en pourcentage de votes, n’ont pas occupé le 2e rang au niveau des sièges. Comme on le verra à la section suivante, l’inversion des rôles, tant entre le gouvernement et l’opposition, que dans la composition du caucus d’une région, constitue un renversement de la volonté populaire.

Au Québec, atteindre de si hauts indices régionaux de distorsion est malheureusement la norme, comme le présente le tableau 5. En effet, lors des 6 élections de 2007 à 2022, un indice de 30 a été régulièrement dépassé dans 14 régions, 7 régions obtenant même un indice régional de distorsion de 50 et plus jusqu’à 2 fois de 2007 à 2022.

Ce n’est pas un hasard si l’indice de distorsion débute la présentation des 10 indicateurs, car il synthétise plusieurs angles d’analyse du système électoral. En attribuant une note aux résultats d’une élection, nationalement ou pour une région, il fournit une réponse neutre à une question qui, sinon, pourrait être teintée de partisanerie : les opinions politiques exprimées lors du vote sont-elles représentées dans le résultat ?

Obtenir de hauts indices de distorsion à répétition prouve que ce n’est pas la conjoncture politique qui fait varier le respect de nos votes, mais le système électoral lui-même. Utiliser l’indice de distorsion pour illustrer la situation permet non seulement de constater l’ampleur de la mauvaise représentation que nous obtenons actuellement, mais sert aussi de guide pour son remplacement. Les données internationales confirment qu’un système proportionnel mixte compensatoire amènerait l’indice de distorsion de nos élections à un niveau décent, ce qui n’est évidemment pas le cas actuellement. Comme on le verra plus loin les qualités de ce nouveau système électoral dépendront de la manière de le constituer, qualités que l’indice de distorsion permettra alors d’évaluer.

3.3 Indice de distorsion : Faits saillants des élections de 2022 et autres constats

  • L’indice national est très élevé à 25,8, plaçant les élections de 2022 au 10e rang des indices nationaux les plus élevés, le record ayant été atteint en 1900 avec un score de 35 points.
  • Les régions présentent des indices régionaux de distorsions allant de 19 à 51, ce qui se situe dans la moyenne des élections des 15 années précédentes.
  • Dans les 9 régions où le pouvoir a été monopolisé par un seul parti en 2022, l’indice de distorsion moyen est de 41, tandis qu’il est de 21 pour la seule région dont le caucus régional rassemble 4 partis politiques.
  • Sous un système électoral de la famille proportionnelle, l’indice de distorsion national serait de 6 ou 7, si l’on en juge par les indices obtenus ailleurs dans le monde. La baisse de l’indice de distorsion vécue en Nouvelle-Zélande, passant d’une moyenne de 12 à 3 lors du passage du SMU1T vers un scrutin proportionnel mixte compensatoire, est de bon augure pour le Québec.


Compléments

14.1  Informations de base sur le fonctionnement du système majoritaire uninominal à 1 tour
14.2  Portraits des élections de 2022 pour chacune des régions
14.3  Mises en contexte historiques des résultats régionaux et nationaux des élections de 2022 selon les indicateurs de représentation
14.4  Analyse du projet de loi 499, déposé en octobre 2023, par Québec solidaire, en collaboration avec le Parti québécois

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Liste des figures
Lexique
Bibliographie


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